Blanca Selva
Brive-la-Gaillarde (França), 29-01-1884 - Saint Amant-Tallende (França), 03-12-1941
FrançaisDurant les trente premières années du vingtième siècle, Blanche Selva a tenu, dans le paysage musical de son temps, un rôle tout à fait particulier. L’Histoire conserve le souvenir d’une pianiste d’exception et d’une pédagogue révolutionnaire, créatrice d’une méthode d’enseignement qualifiée d’originale.
Issue d’une famille installée depuis plusieurs siècles dans la périphérie de Prades dans le département du Roussillon, Blanche Selva nait à Brive-la-Gaillarde le 29 janvier 1884. Ses dons innés pour le piano se révèlent dès l’âge de quatre ans et demi avec des professeurs locaux qui ne peuvent que s’étonner de la rapidité des progrès accomplis, au point qu’à neuf ans, elle est inscrite en classe préparatoire du Conservatoire de Paris, où elle obtient une première médaille, pour ensuite être admise en première année avec Alphonse Duvernoy. Elle n’y restera qu’une année, ne pouvant supporter l’ambiance de compétition qui y régnait, si loin de la musique à laquelle elle voulait consacrer sa vie. Cette démission est à elle seule une marque de la forte personnalité de cette jeune prodige qui, en fait, savait déjà parfaitement jouer du piano puisqu'un peu plus de six mois après son départ, elle donne à Lausanne un concert comportant des œuvres de Bach, Beethoven, Schubert, Chopin, Liszt et Saint-Saëns.
Elle découvre fortuitement la musique de Vincent d’Indy lors d’un concert à Genève où est donnée la Symphonie sur un chant montagnard français. Après l’avoir rencontrée un peu plus tard à, le compositeur la choisit peu après comme professeur de deuxième degré de la Schola Cantorum. Elle n’a alors que dix-huit ans. Elle restera vingt ans à la Schola.
Cette brève entrée en matière de la vie de Blanche Selva est déjà peu ordinaire. Très rapidement, Blanche Selva se fera connaître par ses deux principales activités, la pianiste et l’enseignante. En fait, celle de concertiste n’était pour elle qu’une forme plus vivante, plus directe de pratiquer un enseignement dont elle avait fixé en détail l’approche méthodologique.
Fascinée par les dons qu’elle possédait, elle avait pris le parti de les transmettre au plus grand nombre de ses semblables pour les élever vers les beautés de l’Art. Elle sera, dans ce but, enseignante toute sa vie. C’est une des facettes spécifiques de sa personnalité.
Au sein de la Schola Cantorum et au contact des nombreux élèves privés qu’elle avait formés, Blanche Selva met au point les fondements de la nouvelle méthode d’enseignement du piano qu’elle développera dans son traité de référence, l’Enseignement Musical de la Technique du Piano : préparation nécessaire des différentes parties du corps afin d’acquérir une liberté et une précision de mouvement pour la bonne conduite de l’exécution, rôle et mode d’action de la pesanteur dans la production des sons, concrétisés par trois types d’attaque, jeu appuyé, jeu éclatant et jeu indifférent, importance fondamentale de l’accent dont la recherche et la bonne exécution conditionnent la qualité et l’exactitude de l’expression musicale. Blanche Selva ne voulait surtout pas former des virtuoses, mais des musiciens.
La technique provient de l’expression et y retourne, disait-elle. C’est parce que l'Expression réclame impérieusement ses uniques moyens d'existence que la Technique existe. C'est parce que, seule, la Technique véritable, venue de l'Expression, connaît les besoins artistiques, et permet l'Expression, que cette Expression n'est possible qu'à ceux qui ont la Technique voulue.
La Schola Cantorum ne fut pas l’institution idéale pour accueillir cette approche qui demandait aux professeurs de l’École de la rue Saint-Jacques de se remettre en question. Blanche Selva en discuta longuement avec Vincent d’Indy qui, tout en la considérant comme excellente, ne voulut pas en faire la seule méthode de l’École. Ce fut la cause du départ de Blanche Selva qui créa alors avec Cécile Piriou Kunc, son associée, sa propre structure. Celle-ci était formée, dans une vingtaine de villes françaises, de groupes d’élèves, sous la conduite d’un professeur agréé et formé à la méthode, disposant de divers moyens pédagogiques complémentaires. Dans ses tournées de concerts, Blanche Selva prenait le temps d’inspecter ces groupes, de rectifier les dysfonctionnements, de réactualiser certaines pratiques. À partir de 1921 et jusqu’en 1927, des cours d’été furent institués au Mas del Sol à Brive-la-Gaillarde pour perfectionner les professeurs. Ces « masterclass » ne comportaient pas seulement des cours de piano. On y pratiquait la gymnastique rythmique selon les principes d’Émile Jaques-Dalcroze, on enseignait l’histoire de la musique. En 1925, Joan Massià était chargé des cours de violon.
La création de l’École Normale de Musique en 1919 permet à Blanche Selva d’y donner pendant quatre ans des cours d’interprétation à raison de six cours par an. Joseph Guy Ropartz, nommé directeur du Conservatoire de Strasbourg nouvellement redevenu français en 1919, lui propose un poste de professeur supérieur de piano, qu’elle ne peut occuper faute de disponibilité pour n’assurer que des cours annuels d’interprétation. Dans cette même période d’après-guerre, d’octobre 1920 à juin 1924, Blanche Selva séjourne à Prague deux ou trois fois par an, comme professeur associé à l’École des Maîtres de Piano du Conservatoire, notamment pour enseigner sa méthode.
À partir de 1925, s’établissant à Barcelone, Blanche Selva réactive le groupe d’élèves qui y existait depuis plusieurs années pour l’installer dans les locaux de Virtèlia, une école d’enseignement général, puis elle enseigne à l’Académie de Musique de Barcelone, fondée en 1924 par Joan Llongueres et hébergée par l’école Mútua Escolar Blanquerna. Tout comme pour les cours d’été de Brive, cette académie enseignait le piano, le violon, la rythmique, le solfège, l’histoire de la musique. Elle fait appel pour la seconder à divers anciens élèves, devenus professeurs confirmés et à des spécialistes de son entourage comme Joan Massià violoniste avec lequel elle formait un duo piano/violon et Joan Llongueres, diplômé de Jacques-Dalcroze. Plus tard, après 1930, lorsque Blanche Selva ne sera plus en mesure de donner des concerts, elle continuera cette activité d’enseignement.
En 1934, l'Associació Obrera de Concerts, fondée par Pau Casals, créa une école de musique pour ses associés et leurs familles sous le nom d'Estudis Musicals Blanca Selva en hommage à la pianiste. Le musicien Joan Pich Santasusana a été nommé directeur sous le guidage artistique de la concertiste. Parmi les professeurs se trouvaient Pich Santasusana lui-même, Ricard Abelló, Maria Carbonell, Montserrat Freixes, Maria Madurell, Carme Oliveres et Magda Solé.
L'enseignement est ma joie terrestre et ma raison d'être écrira-t-elle dans le bulletin de liaison adressé aux élèves et professeurs des cours d’été. Elle eut directement ou indirectement plus de deux mille élèves, mais ce qui ce qui constitue une autre caractéristique de cet enseignement est qu’on y trouve aucun grand nom qui puisse après coup attester de la qualité du maître formateur. Ainsi Claude François, Lucette Descave, Yvonne Lefébure, Jacques Février sont indissociablement liés à l’enseignement de Marguerite Long dont ils reflètent la notoriété. Rien de tel pour Blanche Selva. Elle ne sélectionnait aucune candidature prometteuse pourvu que l’on manifeste bonne volonté, persévérance et désir de suivre ses préceptes. Elle eut entre les mains des sujets très brillants, Berthe Poncy Jacobson, Libuse Novàkovà-Verychovà, Andrée Vidal, mais ce ne fut jamais pour en faire des professionnels. Elle fut par contre très attentive à renvoyer dans leur pays d’origine des professeurs certifiés comme Rozanova Alexandrovna, Ruth Hanak, Rose-Marie Lillard Nott, Fructuoso Vianna, Elisabeth Stuckelberg, Emilia de Zubeldia afin de propager sa méthode.
Mais, cette activité vitale ne s’est pas seulement manifestée par les cours ou les leçons qu’elle donna, les écrits théoriques qu’elle rédigea, les conférences qu’elle prononça, le temps qu’elle consacra à réfléchir, conseiller, convaincre, mais elle enseignait aussi chaque fois qu’elle se produisait en concert. « Voir jouer Blanche Selva, c'est assister à un cours de maîtrise», avait écrit Jacques Hermann dans l’Art Moderne de 1910. Ceci explique la grande ouverture de son répertoire afin de couvrir le plus grand nombre d’époques, de styles, d’écoles, depuis les œuvres pour clavecin adaptées au piano de compositeurs des XVI? et XVII? siècles, jusqu’à celles de ses contemporains, en passant par les compositeurs baroques, classiques et romantiques. On peut lire dans ses programmes le nom de plus de cent-quarante compositeurs, les plus grands comme ceux qu’elle fit sortir de l’ombre.
Jean-Sébastien Bach fut un de ses musiciens de prédilection. En 1903, elle est la première en France à jouer les Variations Goldberg et en 1904, elle donne à l’âge de vingt ans l’intégrale des œuvres pour clavier, hormis celles pour orgue, du Cantor de Leipzig. Exception faite de Claudio Arrau, aucun pianiste européen n’a réalisé cet exploit qu’elle réalisa en 17 concerts.
Beethoven fut également un compositeur dont elle diffusa largement les œuvres pour piano, les sonates, celles pour piano et violon, les variations dont les variations Diabelli, les Bagatelles.
Quasi contemporain, César Franck fut également un compositeur de choix dans les programmes de Blanche Selva. Prélude Choral et Fugue, l’œuvre qu’elle joua dans l’absolu le plus souvent, déchaînait toujours l’enthousiasme du public et des critiques et les élèves de Franck s’accordaient pour affirmer que ses exécutions auraient emporté l’accord du compositeur.
Blanche Selva accorda beaucoup d’attention aux compositeurs de son temps qu’ils soient proches ou non de la Schola Cantorum. Isaac Albéniz, Déodat de Séverac, Albert Roussel, Vincent d’Indy furent notamment ceux dont elle joua souvent les œuvres.
Elle créa la quasi-totalité des douze cahiers d’Iberia, après avoir participé d’assez près au travail du compositeur pour simplifier, modifier certains passages ou corriger les épreuves. Elle fera de même avec Déodat de Séverac dont elle créa, en alternance avec Ricardo Viñs, les grandes œuvres pour piano, En Languedoc, Cerdagne, Baigneuses au soleil, Sous les Lauriers roses. Elle sera la créatrice de Rustiques et de la Suite en fa dièse d’Albert Roussel. Vincent d’Indy lui dédiera deux compositions, sa Sonate en mi, opus 63, œuvre difficile et complexe que Blanche Selva déchiffra sans difficulté sur le manuscrit même et Thème varié Fugue et Chanson. Ces deux compositions seront créées en 1907 et 1926, et elle sera aussi la créatrice en 1925 de son Quintette opus 81.
Ce sont pas moins de cinquante-cinq œuvres que Blanche Selva créera entre 1903 et 1926, parmi lesquelles Variations, Interlude et Final sur un thème de Rameau de Paul Dukas (1903), Mon lac de Georges Martin Witkowski (1921), 13ème Barcarolle et 13ème Nocturne de Gabriel Fauré (1923), en passant par des compositions de Joseph-Guy Ropartz, Jean Roger Ducasse, Albéric Magnard. Blanche Selva ne s’attacha jamais à un petit nombre de compositeurs, comme certains de ses collègues telle par exemple Marguerite Hasselmans qui fut l’interprète régulière de Gabriel Fauré ou Marguerite Long pour Maurice Ravel. Son souci de faire connaître le plus grand nombre d’œuvres nouvelles l’éloignait de tout désir de spécialisation. Toujours disponible pour répondre aux demandes de ses collègues de la Schola comme Paul Le Flem, René de Castéra, Pierre de Bréville, Marcel Labey, elle fit connaître Georges Hüe, Georges Migot, Jean Cras. Elle fit découvrir aux mélomanes français de nombreux compositeurs tchèques Václav Štepán, Vitezslav Novák, Josef Suk, Boleslav Vomaçka.
Cette volonté de diffuser la musique le plus largement possible explique aussi l’étendue géographique de ses interventions. Paris fut bien entendu la ville où elle se produisit le plus souvent, mais il n’est pas une ville de France, grande ou moyenne qui n’ait bénéficié d’au moins une visite ; elle vint régulièrement à Montpellier, Nîmes, Lyon, Rouen, Le Havre, Privas. Elle parcouru une partie de l’Europe, l’Angleterre, la Belgique, la Suisse, la Tchécoslovaquie, l’Espagne, alla jusqu’à Saint Petersbourg et Moscou.
En 1925 Blanche Selva s’établit à Barcelone et s’associe avec Joan Massià pour pouvoir interpréter notamment les sonates pour piano et violon de Beethoven, de Franck, de Witkowski et d’autres compositeurs. Dans cette période où elle se plonge dans la vie musicale de la Catalogne, outre les nombreux concerts au Palau de la Musica et diverses villes de Catalogne, elle publie de nombreux articles sur sa conception de la musique dans la Revista Musical Catalana, bulletin de l’Orfeo Català, avec l’analyse des sonates de Beethoven, dans la revue Fruïcions fondée par Pau Casals, dans divers journaux catalans dont le Veu de Catalunya. Elle participera activement à la commémoration du centième anniversaire de la mort de Beethoven par une série de concerts expliqués qui se clôturèrent par une longue conférence sur le compositeur. L’accident vasculaire qui la frappe en octobre 1930 l’éloigne définitivement du public, juste après avoir enregistré neuf pièces dont Prélude Choral et Fugue de Franck, la Partita n°1 de Bach ; elle n’en continue pas moins son activité de professeur. Maria Carbonell, Guillem Garganta, Xavier Gols, Josep Jordi Llongueres, Joan Pich y Santasusanna, compteront parmi ses élèves catalans. Ces années barcelonaises furent aussi celles d’une forte activité de composition. À retenir, Cants de Llum, cinq pièces pour piano et violon (1929) et dix mélodies sur des poèmes catalans (1935). En octobre 1936 elle doit quitter précipitamment Barcelone, passe près de deux ans à Moulins puis s’installe à Saint Saturnin en Auvergne où elle continue à recevoir des élèves et à composer. Elle meurt le 3 décembre 1942.
Durant els primers trenta anys del segle XX, Blanca Selva va tenir un paper molt especial en el panorama musical de l’època. La història la recorda com una pianista excepcional i una pedagoga revolucionària que va crear un mètode d’ensenyament qualificat d’original.
Procedent d’una família establerta durant diversos segles als afores de Prada de Conflent, al departament del Rosselló, Blanca Selva va néixer a Brive-la-Gaillarde el 29 de gener de 1884. Els seus dons innats per al piano es van revelar a l’edat de quatre anys i mig amb professors locals que se sorprengueren de la rapidesa dels avenços aconseguits per aquella nena. A nou anys fou inscrita a la classe preparatòria del Conservatori de París, on va obtenir la Primera Medalla, per tot seguit ser admesa per estudiar durant el primer any amb Alphonse Duvernoy. Al Conservatori només hi estaria un any, incapaç de suportar l’ambient competitiu que hi regnava, tan lluny de l’esperit musical al qual volia dedicar la seva vida. Aquesta renúncia és per si mateixa una demostració de la forta personalitat d’aquest jove prodigi que, de fet, ja tenia un domini absolut del piano; sis mesos després de la seva marxa va fer un concert amb èxit a Lausana amb obres de Bach, Beethoven, Schubert, Chopin, Liszt i Saint-Saëns.
Descobreix accidentalment la música de Vincent d’Indy durant un concert a Ginebra en què s’interpreta la “Simfonia sobre una cançó francesa de muntanya”. Poc temps després, a Valença, el compositor coneix la pianista i l’escull per impartir classes com a professora de segon grau a la Schola Cantorum. En aquell moment només tenia divuit anys. Romangué a la Schola com a professora durant vint anys.
Aquesta breu introducció a la vida de Blanca Selva ja és per si mateixa molt poc comuna. Molt ràpidament Selva es va donar a conèixer a través de les seves dues activitats principals, com a intèrpret i com a professora. De fet, la faceta de concertista fou per a ella només una forma més viva i directa de practicar una educació per a la qual ja havia establert amb detall un enfocament metodològic. Fascinada pels dons que posseïa, decidí transmetre’ls a tantes persones com fos possible per així elevar-los a les belleses de l’Art. Amb aquest objectiu dedicà la seva vida a l’ensenyança.
A la Schola Cantorum, i estant en contacte amb els nombrosos estudiants privats que havia format, Blanca Selva va desenvolupar els fonaments del nou mètode d’ensenyament del piano que va desenvolupar en el seu tractat de referència, Ensenyament musical de tècnica del piano: preparació necessària de les diferents parts del cos per a adquirir llibertat i precisió de moviment per a la correcta conducció de l’actuació; el paper i la manera d’utilitzar la gravetat en la producció del so encarnats per tres tipus d’atac —joc sostingut, joc brillant i joc indiferent—; importància fonamental de l’accent, la recerca i la bona execució del qual condicionen la qualitat i la precisió de l’expressió musical. Blanca Selva no volia formar virtuosos, sinó músics verdaders. “La tècnica prové de l’expressió”, deia ella. “La tècnica existeix perquè l’expressió la reivindica imperiosament com el seu únic mitjà d’existència. És per això que només la veritable tècnica, provinent de l’expressió, coneix les necessitats artístiques i permet l’expressió, i l’expressió només és possible per a aquells que tenen la tècnica necessària.” La Schola Cantorum no fou la institució ideal per acollir aquest enfocament que exigia als professors de l’escola replantejar-se molts aspectes pedagògics. Blanca Selva ho va discutir llargament amb Vincent d’Indy, el qual, tot i considerar-lo un mètode excel·lent, no volia convertir-lo en l’únic de l’escola. Aquesta va ser la causa de la sortida de Selva de la Schola Cantorum. Al cap de poc temps, la pianista va crear amb Cécile Piriou-Kunc la seva pròpia estructura d’ensenyament. Es van formar, en una vintena de ciutats franceses, diversos grups d’estudiants educats sota la supervisió d’un professor certificat i format en el mètode, amb diversos recursos didàctics addicionals. En les seves gires de concerts, Blanca Selva es dedicava a fer un seguiment d’aquests grups i a supervisar-los, corregint així qualsevol disfunció i actualitzant determinades pràctiques. Des de 1921 i fins a 1927 es van instituir cursos d’estiu al Mas del Sol de Brive-la-Gaillarde per perfeccionar els professors. Aquestes classes magistrals no incloïen només classes de piano. S’hi practicava gimnàstica rítmica segons els principis d’Émile Jaques-Dalcroze i s’hi ensenyava la història de la música. El 1925, Joan Massià s’encarregà de les lliçons de violí.
La creació de l’École Normale de Musique el 1919, permeté a Blanca Selva donar classes allà durant quatre anys, fent-hi sis cursos anuals. Joseph Guy Ropartz, nomenat director del Conservatori d’Estrasburg, li oferí un lloc com a professora superior de piano; va rebutjar la plaça perquè els cursos d’interpretació anuals li ocupaven tot el temps. En aquest mateix període, d’octubre de 1920 a juny de 1924, Blanca Selva viatjà a Praga dos o tres cops l’any com a professora associada de l’Escola de Mestres de Piano del Conservatori per ensenyar el seu mètode.
Establerta a Barcelona des del 1925, Selva va reactivar el grup d’estudiants que havia creat feia anys per instal·lar-lo a Virtèlia, una escola d’educació general. Més tard, impartí classes a l’Acadèmia de Música de Barcelona, fundada el 1924 per Joan Llongueres i acollida per la Mútua Escolar Blanquerna. Igual que els cursos d’estiu a Brive, aquesta acadèmia ensenyaria piano, violí, ritme, teoria musical i història de la música. Per impulsar-la, va sol·licitar la col·laboració de diversos amics i antics alumnes que havien esdevingut professors i especialistes en el seu mètode, com el violinista Joan Massià, amb el qual va formar duet, o Joan Llongueres, especialista en el mètode Jaques-Dalcroze. Més tard, després de 1930, quan Blanca Selva va deixar de poder fer concerts, continuà igualment la seva activitat docent.
L’any 1934 l’Associació Obrera de Concerts, fundada per Pau Casals, va crear una escola de música pels seus associats i familiars amb el nom d’Estudis Musical Blanca Selva en honor de la pianista. El músic Joan Pich Santasusana que dirigia l'Institut Orquestral de l'A.O.C. va ser escollit director d'aquests estudis musicals amb l'assessorament i el guiatge artístic de Blanca Selva. Entre el professorat hi havia el mateix Pich Santasusana, Ricard Abelló, Maria Carbonell, Montserrat Freixes, Maria Madurell, Carme Oliveres i Magda Solé.
“L’ensenyament és la meva alegria terrenal i la meva raó de ser”, ho escriu així al butlletí dirigit a estudiants i professors dels cursos d’estiu. Tenia directament o indirectament més de dos mil alumnes. Però el que constitueix una altra característica d’aquest ensenyament és que no sorgí d’aquell mètode cap gran nom que després pogués acreditar la qualitat d’aquell sistema. Mentre Claude François, Lucette Descave, Yvonne Lefébure i Jacques Février estan indissolublement lligats a l’ensenyament de Marguerite Long, la notorietat de la qual ells van difondre, res d’això succeí amb Blanca Selva. Mai va seleccionar cap alumne pel seu talent prometedor; només era necessari bona voluntat, constància i ganes de seguir els seus preceptes. Va tenir a les seves mans músics molt brillants com Berthe Poncy Jacobson, Libuse Novàkovà-Verychovà, Andrée Vidal, però l’objectiu no fou convertir-los en professionals. D’altra banda, va tenir molta cura de reenviar professors certificats com Rozanova Alexandrovna, Ruth Hanak, Rose-Marie Lillard Nott, Fructuoso Vianna, Elisabeth Stuckelberg i Emilia de Zubeldia als seus països d’origen per tal de difondre el mètode.
Amb tot, aquesta activitat vital no es va manifestar només als cursos o lliçons que donava, als seus escrits teòrics, a les conferències que oferia o al temps que dedicava a pensar, assessorar i convèncer, sinó també a la interpretació en viu. “Veure tocar Blanca Selva és assistir a un màster”, va escriure Jacques Hermann a Art Modern el 1910. Això explica la gran obertura del seu repertori per cobrir el nombre màxim d’èpoques, estils i escoles, des d’obres per a clavicèmbal adaptades per a piano de compositors dels segles XVI i XVII, fins a les dels seus contemporanis, inclosos compositors barrocs, clàssics i romàntics. En els seus programes de concert s’hi poden trobar més de cent quaranta compositors diferents, els més cèlebres i també aquells no tan coneguts, però que mereixien ser programats.
Johann Sebastian Bach fou un dels seus músics preferits. El 1903 va ser la primera pianista de tot França a tocar les “Variacions Goldberg” i, el 1904, a vint anys, va tocar les obres completes per a teclat, excepte les d’orgue, del Cantor de Leipzig. A excepció de Claudio Arrau, cap pianista europeu no ha aconseguit aquesta gesta que va suposar fer disset concerts monogràfics. Beethoven també va ser un dels seus compositors predilectes. Les sonates per a piano, per a piano i violí, les “Variacions Diabelli”, les bagatel·les, van ser interpretades per Selva sovint. Gairebé contemporani d’ella, César Franck també va ser un compositor habitual en els seus programes. El “Preludi coral i fuga”, l’obra que interpretava amb més freqüència, sempre desencadenava l’entusiasme del públic i de la crítica; els estudiants de Franck coincidien a afirmar que les seves interpretacions haurien guanyat el beneplàcit del compositor.
La pianista va prestar molta atenció als compositors de la seva època, tant si eren propers a la Schola Cantorum com si no. Isaac Albéniz, Déodat de Séverac, Albert Roussel i Vincent d’Indy foren els compositors que va interpretar més sovint. Va tocar gairebé els dotze quaderns d’“Ibèria” d’Albéniz, després d’haver col·laborat al costat del compositor a simplificar o modificar determinats passatges i corregir proves. Va fer el mateix amb Déodat de Séverac, del qual va interpretar, juntament amb Ricard Viñes, les seves obres per a piano més importants: “En Llenguadoc”, “Cerdanya”, “Baigneuses au Soleil”, “Sous les Lauriers roses”. Estrenà obres com “Rústiques” i la Suite en fa sostingut d’Albert Roussel. Vincent d’Indy li va dedicar dues composicions: la seva Sonata en mi op. 63, una obra de gran complexitat que la pianista va desxifrar sense dificultat a partir del mateix manuscrit, i “Thème varié, Fugue et Chanson”. Aquestes dues composicions van ser escrites el 1907 i el 1926. La pianista també va estrenar el seu Quintet op. 81 el 1925.
Entre 1903 i 1926 Blanca Selva va estrenar més de cinquanta-cinc obres, entre les quals hi ha “Variacions, interludi i final sobre un tema de Rameau” de Paul Dukas (1903), “Mon Lac” de Georges Martin Witkowski (1921), Barcarola núm. 13 i Nocturn núm. 13 de Gabriel Fauré (1923) o composicions de Joseph Guy Ropartz, Jean Roger Ducasse i Alberic Magnard, entre molts altres. La pianista no es va afiliar mai a un petit nombre de compositors, com sí van fer alguns dels seus col·legues (Marguerite Hasselmans, que va ser intèrpret habitual de Gabriel Fauré, o Marguerite Long amb Maurice Ravel). La seva preocupació per donar a conèixer el nombre més elevat de noves obres la va allunyar de qualsevol intent d’especialització. Sempre estava disponible per respondre a les necessitats dels seus col·legues de la Schola com Paul Le Flem, René de Castéra, Pierre de Bréville, Marcel Labey; va donar a conèixer Georges Hüe, Georges Migot i Jean Cras. Va difondre entre el públic francès un bon nombre d’obres de compositors txecs com Václav Stepán, Vitezslav Novák, Josef Suk o Boleslav Vomaçka.
Aquest desig de difondre la música amb la màxima amplitud possible també explica l’extensió del seu repertori, que abraçava compositors de molts països diversos. París era, per descomptat, la ciutat on actuava amb més freqüència, però no existia una ciutat de França, gran o mitjana, que no hagués tingut almenys una visita de la pianista; visitava regularment Montpeller, Nimes, Lió, Rouen, Le Havre o Privas. Va viatjar per bona part d’Europa −Anglaterra, Bèlgica, Suïssa, Txecoslovàquia, Espanya−, i va arribar fins a Sant Petersburg i Moscou.
El 1925, a Barcelona, Blanca Selva va fundar un duet estable amb el violinista Joan Massià. Tots dos van interpretar la integral de les sonates per a piano i violí de Beethoven així com sonates de Franck, Witkowski i altres compositors. En aquest període en què es va submergir en la vida musical de Catalunya, a més dels nombrosos concerts al Palau de la Música i diverses poblacions catalanes, va publicar molts articles sobre la seva concepció de la música a la Revista Musical Catalana, al butlletí de l’Orfeó Català, amb una anàlisi de les sonates de Beethoven, a la revista Fruïcions fundada per Pau Casals i a diversos diaris catalans inclòs La Veu de Catalunya. Va participar activament en la commemoració del centenari de la mort de Beethoven mitjançant una sèrie de concerts comentats, que van acabar amb una llarga conferència sobre el compositor. L’accident vascular que la va colpejar l’octubre de 1930 la va allunyar definitivament del públic, just després d’haver enregistrat nou peces, incloses el “Preludi coral i fuga” de Franck i la Partita núm. 1 de Bach. No obstant això, continuà la seva activitat docent. Maria Carbonell, Guillem Garganta, Xavier Gols, Josep Jordi Llongueres, Joan Pich i Santasusana foren alguns dels seus alumnes catalans. Aquests anys barcelonins també van ser els que va dedicar a la composició. Entre les seves obres destaquen “Cants de llum”, cinc peces per a piano i violí (1929), i “Deu melodies sobre poemes catalans” (1935). L’octubre de 1936, després de l’esclat de la Guerra Civil, va haver d’abandonar Barcelona precipitadament. Va passar prop de dos anys a Moulins i després es va traslladar a Saint-Saturnin, a Alvèrnia, on va continuar rebent estudiants i component. Va morir el 3 de desembre de 1942.